LE GRIFFON

LE GRIFFON

Le griffon est une créature légendaire qui a traversé les cultures et les âges. Il est représenté avec la tête d’un aigle au bec puissant et aux oreilles pointues greffé sur le corps d’un lion. Le griffon est souvent figuré avec les ailes et les serres d’un oiseau de proie. Il emprunte son aspect à la fois au roi des oiseaux, l’aigle et au roi des animaux, le lion dont il combine les puissances respectives.   L’allure générale de l’animal mythique comporte parfois quelques variantes : les pattes avant de rapace notamment ou des oreilles de cheval.

Homas achéménide de Persépolis, semblables à des griffons.

Homas achéménide de Persépolis, semblables à des griffons. (Wikimedia Commons).

LE GRIFFON DANS L’ANTIQUITÉ

Le griffon est connu dans de nombreuses cultures anciennes (Elam, Egypte, Babylonie, Assyrie, Hittites, Anatolie). Le griffon apparaît en Élam à la fin du IVe millénaire av. J.-C. et est utilisé dans l’art égyptien dès 3000 avant J.-C. et en Syrie dès le début du IIe millénaire. L’art grec adopte également depuis le VIIIe siècle av. J.-C. à partir des motifs de griffons venus d’Orient.

Griffon trouvé à Saqqarah, Musée national d'Alexandrie.

Griffon trouvé à Saqqarah, Musée national d’Alexandrie. (Wikimedia Commons).

La tête de l’animal d’un type particulier (oreilles dressées et bec grand ouvert), connu sous le nom de protomes de griffon, est fréquemment utilisé sur des récipients, cruches ou chaudrons.

Tête de griffon ou protomé en bronze coulé creux, l’objet faisait partie d’un chaudron.

Tête de griffon ou protomé en bronze coulé creux, l’objet faisait partie d’un chaudron. La bête a un cou sinueux allongé, de longues oreilles pointues et un bec crochu grand ouvert. Vers 700 av. J.-C. à 600 av. J.-C. Rhodes, Grèce. ©The Britisch Museum

LE GARDIEN DES TRÉSORS

Dans la mythologie grecque, le griffon est notamment évoqué dans l’épopée Arimaspées  du poète voyageur semi-légendaire Aristée (ou Aristéas) de Proconnèse au VIIe siècle av. J.-C.,, dans laquelle cet animal est le gardien vigilant des mines d’or du Nord du monde contre le peuple des Arimaspes.

De son côté, Aristéas, fils de Caystrobios, de Proconnèse, dans un poème épique [Arimaspées], raconte que, possédé de Phébus, il alla chez les Issédons[1], qu’au-dessus des Issédons habitent les Arimaspes, hommes qui n’auraient qu’un œil ; au-dessus des Arimaspes, les griffons gardiens de l’or ; au-dessus des griffons, les Hyperboréens qui s’étendent jusqu’à une mer ; que, sauf les Hyperboréens, tous ces peuples, à commencer par les Arimaspes, font constamment la guerre à leurs voisins ; que les Issédons furent chassés de chez eux par les Arimaspes, les Scythes par les Issédons ; et que les Cimmériens, qui habitent la côte de la mer du Sud, sous la pression des Scythes abandonnèrent leur pays. Ainsi, lui non plus n’est pas concernant ce pays, d’accord avec les Scythes[2].

Il est constant que c’est dans le Nord de l’Europe qu’il y a de beaucoup le plus d’or. Comment il est obtenu, cela non plus je ne saurais le dire avec certitude ; on raconte qu’il serait soustrait aux griffons par les Arimaspes, hommes n’ayant qu’un œil[3].

Les Arimaspes forment un peuple légendaire de Scythie, au-delà des Monts hyperboréens loin au Nord. Ils guerroyaient sans cesse contre les griffons, gardiens des mines d’or.

Auprès de ceux qui sont tournés vers le septentrion, non loin de l’origine de l’Aquilon et de la caverne d’où il sort, lieu appelé Geselitos, on rapporte que sont les Arimaspes, qui, avons-nous dit, n’ont qu’un œil au milieu du front. Ils sont continuellement en guerre autour des mines avec les griffons, espèce d’animaux ailés, tels que la tradition les figure d’ordinaire : les griffons extraient l’or des cavités souterraines, et le défendent avec autant d’ardeur que les Arimaspes cherchent à le ravir ; c’est du moins ce que racontent beaucoup d’auteurs, et parmi les plus illustres Hérodote et Aristée de Proconnèse[4].

Les Arismapes sont décrit comme n’ayant qu’un œil. Cette particularité vient probablement parce que ce peuple nomade fermaient sans doute un œil pour tirer à l’arc.

UN DINOSAURE

Une hypothèse[5] a été avancé selon laquelle le Griffon aurait été imaginé à partir de squelettes de protocératops[6]. Ces fossiles auraient été trouvés dans les temps anciens par des nomades (Scythes) en prospectant de l’or dans les vastes déserts de l’Asie centrale. Les hommes déterrant des ossements d’animaux monstrueux au-dessus des gisements aurifères ont pensé que c’était les restes des anciens gardiens des mines d’or.  Au Ve siècle av. J.-C. l’historien Hérodote affirme que les griffons construisaient leurs nids dans l’or.  Le protocératops partage en effet plusieurs caractéristiques avec le griffon : un grand bec crochu, quatre pattes, des griffes et une taille similaire. L’animal construisait également des nids pour leurs œufs. Un corps qui aurait pu rappeler aux humains celui d’un lion. Même la collerette au-dessus du crâne aurait pu être interprétée comme des ailes fossilisées.

Squelette de Protoceratops andrewsi.

Squelette de Protoceratops andrewsi. (Wikimedia Commons).

Ce sont des fossiles, que l’on trouve encore aujourd’hui dans le désert de Gobi, à la lisière des montagnes de l’Altaï (en mongol : « Montagnes d’Or ») en bon état de conservation.

Pourtant les fossiles ne sont pas à l’origine des mythes, la croyance qu’il existe des gardiens monstrueux qui veillent sur des trésors devait être très ancienne. La découverte de fossiles dans les gisements d’or n’a que conforté cette idée.

LE GRIFFON AU MOYEN-ÂGE

Au Moyen-Âge, Le griffon est considéré comme un animal réel. On le trouve dans l’art et la littérature chrétienne en occident. Les nombreux témoignages de voyageurs qui, comme Marco Polo affirment l’avoir observé, ne laissent planer aucun doute sur son existence réelle. Le griffon fait l’objet de nombreux commentaires et représentations dans les bestiaires médiévaux. Vers la fin du Moyen-Age, le griffon connaît un véritable succès héraldique et investit les blasons des familles nobles.

Griffon - détail d’une miniature du bestiaire de Rochester, XIIIe siècle.

Détail d’une miniature du bestiaire de Rochester, XIIIe siècle. (Wikimedia Commons).

À ne pas confondre le griffon avec son cousin l’Hippogriffe croisement entre un griffon et une jument.

Image mise en avant :

Statère en argent représentant un griffon bondissant les ailes ouvertes, vers 411/410 - 386/385 av. J.-C., Abdère (cité grecque), Thrace antique.

Statère en argent représentant un griffon bondissant les ailes ouvertes, vers 411/410 – 386/385 av. J.-C., Abdère (cité grecque), Thrace antique. (Wikimedia Commons).

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NOTES :

[1] Les Issedones étaient un peuple d’Asie centrale occupant les terres situées au bout de la route commerciale située au Nord-Est de la Scythie.

[2] Hérodote, Histoires, IV, 14.

[3] Hérodote Histoires, III, 116.

[4] Pline l’Ancien, Histoire naturelle, Livre VII, II. 2.

[5] Théorie suggéré par l’anthropologue, l’historienne et folkloriste américaine Adrienne Mayor dans The first fossil hunters, Princeton University Press, 2000.

[6] Un dinosaure dont les restes sont communs dans les gisements du Crétacé de cette région.

Griffon (mythologie) — Wikipédia (wikipedia.org)